Dans un mouvement audacieux vers la modernisation de sa gestion publique, la Guinée-Bissau a adopté la technologie blockchain pour gérer la masse salariale de son secteur public. Ce système novateur, lancé en mai 2024, promet une transparence accrue et une meilleure gouvernance des finances publiques.
Une Plateforme Révolutionnaire pour la Gestion des Salaires
Fruit d’une collaboration de quatre ans avec le FMI, Ernst & Young et divers partenaires financiers, cette plateforme blockchain représente une avancée significative pour la Guinée-Bissau et pour l’Afrique subsaharienne. Elle offre un registre numérique sécurisé et infalsifiable pour toutes les données relatives aux salaires et aux retraites des fonctionnaires.
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Techniques de l’ingénieur (interviewant José Gijon, chef de mission FMI pour la Guinée-Bissau, et Concha Verdugo Yepes, responsable du projet blockchain) : Pouvez-vous nous expliquer le fonctionnement de cette plateforme ?
Concha Verdugo Yepes : La plateforme utilise la technologie blockchain pour créer un registre inviolable de toutes les transactions liées aux salaires. Chaque opération, de l’éligibilité au paiement, est enregistrée en temps réel, garantissant l’intégrité des données. Ce système permet un suivi précis des dépenses, facilite la production de rapports budgétaires et contribue à la détection des anomalies.
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Des Bénéfices Concrets pour la Guinée-Bissau
Techniques de l’ingénieur : Quels sont les avantages de cette plateforme pour le pays et ses citoyens ?
José Gijon : Ce projet, soutenu par le programme FEC du FMI, est essentiel pour la stabilité budgétaire et économique de la Guinée-Bissau. Il a déjà permis de réduire le ratio masse salariale/recettes fiscales de 84% en 2020 à 50% aujourd’hui. Bien que ce chiffre reste au-dessus de l’objectif de 35% fixé par l’UEMOA, il s’agit d’une amélioration considérable. La plateforme renforce la confiance dans les institutions, améliore l’efficacité de l’administration publique et contribue à la lutte contre la corruption.
L’Intelligence Artificielle au Service de la Gestion Budgétaire
Techniques de l’ingénieur : Comment l’intelligence artificielle est-elle intégrée à ce projet ?
Concha Verdugo Yepes : La plateforme fournit des données de haute qualité, propices à l’entraînement de modèles d’IA. Bien que l’intégration ne soit pas encore effective, le potentiel est immense. L’IA pourrait permettre de prédire les erreurs de paiement, d’optimiser l’allocation des ressources et d’améliorer la prise de décision budgétaire. L’IA générative ouvre également des perspectives prometteuses pour l’analyse de données.
Prochaines Étapes et Perspectives d’Avenir
Techniques de l’ingénieur : Quelles sont les prochaines étapes pour ce projet innovant ?
Concha Verdugo Yepes : Nous travaillons actuellement à étendre la plateforme à d’autres ministères et agences. D’ici novembre 2024, nous espérons couvrir l’ensemble des 26 600 fonctionnaires et 8 100 retraités du pays. L’objectif est de renforcer la transparence, de garantir la conformité des embauches et de suivre l’ensemble des paiements de salaires.
Un Modèle de Collaboration et d’Innovation
Le FMI et ses partenaires restent engagés aux côtés de la Guinée-Bissau pour généraliser l’utilisation de cette technologie. Ce projet témoigne du potentiel de la collaboration internationale et de l’innovation technologique pour promouvoir une gouvernance plus efficace et un développement économique durable en Afrique.
L’expérience de la Guinée-Bissau est inspirante, non seulement pour son adoption de la blockchain, mais aussi pour sa vision d’un avenir plus transparent et prospère.