L’audience vient à peine de commencer ce lundi 17 février 2025 lorsque Mehdi Nemmouche exprime une « déclaration préalable » : « Je n’ai jamais assumé le rôle de geôlier pour les otages occidentaux ni pour quiconque » en Syrie, déclare-t-il lors de l’ouverture de son procès aux assises de Paris.
Âgé de 39 ans, vêtu d’un sweat noir, les cheveux bruns soigneusement coiffés, Mehdi Nemmouche est accusé d’avoir détenu quatre journalistes français : Nicolas Hénin, Didier François, Edouard Elias et Pierre Torres, capturés pendant près d’un an par le groupe jihadiste État islamique en Syrie en 2013.
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Trois de ces journalistes assistent à l’audience, deux d’entre eux directement face au box. Pierre Torres est absent à cette première session.
Proclamations de Mehdi Nemmouche
Le président Laurent Raviot interroge Mehdi Nemmouche et ses coaccusés pour confirmer leur identité. « Nemmouche Mehdi, père inconnu, adresse officielle à Tourcoing, bien que datant de 2006 », répond-il, manifestant une certaine aisance, ponctuant ses mots de larges gestes.
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Il annonce immédiatement vouloir faire une déclaration : « Je n’ai jamais été le geôlier des otages occidentaux ». Le président rétorque que cela sera discuté ultérieurement.
Peu après, Mehdi Nemmouche réitère : « Je n’ai jamais été le geôlier des otages occidentaux ni d’aucun autre. Et je n’ai jamais rencontré ces personnes en Syrie », affirmant avoir seulement été un « soldat sur le front » pour diverses factions jihadistes en Syrie, opposées au régime de Bachar al-Assad.
Il ajoute que sa première rencontre avec Nicolas Hénin a eu lieu devant la cour d’assises de Bruxelles, où il a été condamné à perpétuité en 2019 pour l’attentat au musée juif de Bruxelles.
Retour sur les événements
Les journalistes français avaient été capturés à dix jours d’intervalle en juin 2013, de même que de nombreux correspondants et humanitaires occidentaux, souvent emprisonnés ensemble.
Ils ont été libérés près d’un an plus tard, le 18 avril 2014, après avoir subi des mois de sévices physiques et psychologiques, privations alimentaires et simulacres d’exécutions.
D’autres otages, comme le journaliste américain James Foley et l’humanitaire britannique David Haines, ont été exécutés en tenues orange, dans des vidéos macabres qui ont horrifié le monde entier.
Reconnaissance par les otages
Un mois après le retour des journalistes en France, Mehdi Nemmouche avait tué quatre personnes au musée juif de Bruxelles le 24 mai 2014. Il fut le premier d’une série de jihadistes de l’EI à revenir de Syrie pour perpétrer des attentats en Europe.
Lorsqu’il a été arrêté quelques jours plus tard à Marseille, sa photo a circulé dans les médias. Des ex-otages l’ont immédiatement identifié : il est « Abou Omar », l’un de leurs geôliers en Syrie, décrit comme « pervers » et « sadique ». En entendant sa voix, ils l’ont reconnu sans hésitation.
Nicolas Hénin espère que ses geôliers prendront la parole durant l’audience. « Je souhaite les écouter. Cela est nécessaire pour établir la vérité », a-t-il déclaré lundi matin sur France Inter, prêt à « se battre, y compris devant le tribunal, pour leur faire comprendre qu’ils ont échoué ».
Déclarations et perspectives
L’avocat de Mehdi Nemmouche, Me Francis Vuillemin, a affirmé que son client s’exprimera durant le procès.
« Il est très calme. Il n’a rien à perdre, sachant qu’il est condamné à vie. Il a gardé le silence pendant dix ans, mais il parlera, c’est certain ».
Abdelmalek Tanem, 35 ans, jugé pour avoir rejoint la Syrie en 2012 et soupçonné d’être un geôlier, ainsi que le Syrien Kais Al Abdallah, 41 ans, accusé d’avoir facilité l’enlèvement de Nicolas Hénin et Pierre Torres, comparaissent également. Tous deux contestent les accusations.
Sont aussi jugés – bien qu’ils soient présumés décédés – Oussama Atar, un cadre de l’État islamique déjà condamné à perpétuité par défaut pour les attentats du 13-Novembre, et Salim Benghalem, considéré comme responsable de la détention des otages.
Ce procès est prévu pour durer jusqu’au 21 mars.