Dans un discours tendu à l’Assemblée Nationale le 1er octobre 2024, le Premier Ministre Michel Barnier a détaillé sa stratégie pour redresser les comptes publics. Il vise un déficit de 5% en 2025, contre 6% attendus en 2024, en s’appuyant sur une réduction des dépenses et une hausse de la fiscalité pour les grandes entreprises et les plus aisés.
Un Contexte Économique Difficile et une Assemblée Fragmentée
Michel Barnier a insisté sur la nécessité de faire face à la réalité des comptes publics et de l’impact environnemental du mode de vie français. Face à une Assemblée Nationale divisée en trois blocs, le gouvernement dispose d’une marge de manœuvre limitée. L’absence de majorité présidentielle et le poids renforcé du Parlement pourraient complexifier l’adoption du projet de loi de finances 2025, présenté avec retard la semaine du 9 octobre.
Priorité à la Réduction des Dépenses Publiques
Le Premier Ministre a qualifié la dette publique de 3228 milliards d’euros d' » »épée de Damoclès » » et a annoncé un objectif de déficit de 5% en 2025. Il privilégie la réduction des dépenses publiques, qui représentera les deux tiers de l’effort de redressement, soit environ 20 milliards d’euros. L’objectif de 3% de déficit est reporté à 2029, contre 2027 initialement prévu, afin d’éviter une politique d’austérité excessive, selon Barnier.
Hausse d’Impôts pour les Grandes Entreprises et les Plus Riches
Pour compléter la réduction des dépenses, Michel Barnier prévoit une hausse de la fiscalité, « »partagée dans une exigence de justice fiscale » ». Les grandes entreprises réalisant d’importants profits sont visées, potentiellement par une surtaxe de 8% pour celles dont le chiffre d’affaires dépasse 1 milliard d’euros. Des mesures sont également envisagées pour les ménages les plus fortunés, afin de « »limiter les stratégies de défiscalisation » ». Une contribution exceptionnelle sur les revenus supérieurs à 250 000 euros et une révision des taxes sur l’héritage sont à l’étude.
Pouvoir d’Achat : Refonte des Allègements de Cotisations Sociales
Barnier a également annoncé une amélioration du niveau de vie des Français dès 2025. Il prévoit une refonte du système d’allègements de cotisations sociales pour les salaires supérieurs au SMIC, en s’appuyant sur un rapport d’experts. Le SMIC augmentera de 2% dès le 1er novembre 2024, et les branches professionnelles dont les minima sont inférieurs au SMIC sont incitées à les revaloriser. Ces mesures visent à soutenir les travailleurs à bas salaires face à l’inflation et à la hausse des prix de l’énergie.
La France sous Surveillance
Le discours de Michel Barnier intervient alors que la France est sous la surveillance des agences de notation (Fitch, Moody’s et S&P Global) et de Bruxelles. L’incertitude politique liée à la fragmentation de l’Assemblée Nationale inquiète les investisseurs. La France, en procédure de déficit excessif, a reporté la présentation de sa stratégie budgétaire à Bruxelles au 31 octobre, une échéance qui mettra le gouvernement sous pression.