Dans la région de Boston, une radiologue a développé un nouvel outil technologique prometteur pour identifier rapidement les victimes de violences domestiques. Ce dispositif, nommé AIRS, pour « système automatisé de soutien face au risque de violence intime », utilise l’intelligence artificielle pour analyser divers éléments, tels que l’historique médical des fractures, les annulations de consultations, les passages aux urgences et les types de lésions observées chez les patients.
Parmi les blessures analysées, celles de type défensif indiquent que la victime a tenté de se protéger, alors qu’une fracture proche du petit doigt peut suggérer que la main a été utilisée pour se couvrir le visage. À l’inverse, une fracture près du pouce pourrait indiquer une tentative de se rattraper lors d’une chute. L’outil évalue également les zones corporelles fréquemment ciblées par un agresseur, comme les os situés autour des yeux et des pommettes. Les radiographies jouent donc un rôle crucial dans ce processus, permettant aux radiologues, souvent pressés par le temps, de mieux comprendre le passé médical d’un patient. Par ailleurs, AIRS propose des pistes de discussion pour aider le personnel médical à soutenir les victimes.
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La docteure Bharti Khurana, qui exerce aux urgences de l’hôpital Brigham à Boston, travaille sur le projet AIRS depuis cinq ans. L’idée a germé après avoir entendu une infirmière s’interroger sur le manque d’attention de la médecine aux causes des blessures entraînant des consultations aux urgences. Touchée en tant que radiologue, elle a collaboré avec une ingénieure du MIT, bénéficiant d’un financement de trois millions de dollars de l’institut national de la santé et de 7000 images pour former l’intelligence artificielle utilisée par AIRS.
Efficacité du système selon sa conceptrice
AIRS a également été adopté par un hôpital de San Francisco. Bharti Khurana estime que cet outil peut identifier les violences conjugales en moyenne quatre ans avant que les victimes ne soient prêtes à le déclarer. Cette capacité de détection précoce est essentielle pour éviter une aggravation des blessures, qui s’intensifient avec le temps. Selon les chiffres avancés par Khurana, l’intelligence artificielle se montre précise dans 80% des cas. Bien que ce ne soit pas parfait, une étude parue dans la revue Nature au printemps 2024 indiquait que seulement 25% des cas étaient correctement diagnostiqués par les médecins. Toutefois, une experte interviewée par Fast Company souligne que l’IA ne doit pas être perçue comme une solution miracle, rappelant que l’expérience clinique reste indispensable pour compléter l’analyse des données médicales.
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